par Bénédicte Dubail
Les sermons de Jean-Baptiste Heinis qui ont été conservés sont au nombre de 104. Ils sont rédigés en allemand de la main de leur auteur. Le plus ancien a été composé peu après son installation comme vicaire à Oberhergheim, pour le 4e dimanche après l'Epiphanie de 1846. Le dernier a été prononcé à l'occasion de la fête des saints Pierre et Paul, en 1880, probablement à Schlierbach dont il était le curé. Chaque année, durant son ministère paroissial, le curé Heinis mettait de côté, en vue de les conserver, un nombre variable de sermons : de un à sept (1846 : 2 ; 1847 : 3 ; 1848 : 4 ; 1850 : 6 ; 1858 : 7). Les meilleures années de production furent celles de son vicariat à Oberhergheim, au début de sa carrière pastorale, (40 sermons conservés de 1846 à 1856) et de son séjour comme curé à Roppentzwiller (24 sermons conservés de 1860 à 1867).
Si son oeuvre poétique met en valeur le côté ludique de l'esprit du curé Heinis, sa sensibilité, son don d'observation, son talent de chansonnier, son humour, voire son ironie, les sermons, pour leur part, permettent de découvrir un autre aspect de sa personnalité, celle du pasteur préoccupé du salut de ses ouailles, celle de l'éducateur et du théologien, celle du défenseur des intérêts de l'Eglise.
Le premier et le principal objectif des sermons du curé Heinis est de guider ses paroissiens sur le chemin du salut. Le premier sermon qu'il ait prononcé avait pour thème la confiance en Dieu. Le nouvel an offrait souvent une occasion favorable pour insister sur la fuite du temps et montrer qu'il faut utiliser ce dernier comme un outil précieux et limité pour faire le bien. Pour inciter ses paroissiens à la conversion, le prédcateur utilise souvent le procédé de la comparaison en montrant les mérites du bon chrétien et les dommages que s'attire le mauvais. Il insiste sur la fréquentation des sacrements de la pénitence et de l'Eucharistie et sur la bonne manière de les recevoir. Il donne des conseils pour la vie de tous les jours : la nature des devoirs d'état et la bonne manière de les remplir, le devoir éducateur des parents à l'égard de leurs enfants, les devoirs de l'épouse envers son mari, à qui elle doit une obéissance respectueuse, les peines qui attendent le blasphémateur... Enfin, il insiste sur le fait que le pécheur endurci ne doit pas attendre pour se convertir d'être couché sur son lit de mort, car le nombre des élus est petit.
Le sermon n'a pas qu'une fonction parénétique, il est aussi le seul moment où le curé peut instruire les adultes des mystères de la foi. Les fêtes liturgiques réparties au long de l"année offrent des occasions favorables pour exliquer aux fidèles le mystère de la Passion du Christ, celui de la Sainte Trinité ou encore celui du Saint-Esprit, de leur parler des sacrements, de la grâce, du péché, de la résurrection des morts, de l'enfer, de leur proposer en exemples les saints (Sébastien, les saints Pierre et Paul, et surtout la Vierge Marie, modèle de toutes les vertus chrétiennes). La doctrine théologique du curé Heinis est celle du concile de Trente. Ses sermons contiennent toutes les connaissances qu'un fidèle catholique devait avoir sur sa religion. A ce titre, ils constituent un témoignage précieux.
Le curé Heinis n'aimait pas la guerre, il le proclame dans le sermon n° 54 où il cite, entre autres, les exemples d'Attila, mais aussi de Judith. Dans plusieurs sermons, il s'érige en défenseur de l'Eglise et du pape. Il cite toutes les attaques dont cette institution a été la victime dans les derniers siècles et aussi les dernières décennies. Il passe en revue ses ennemis en les citant pour chacun des pays d'Europe (France, Allemagne, Suisse, Espagne, Irlande, Italie), ce sont les athées, les révolutionnaires, les libres penseurs, les francs-maçons. Mais il montre aussi que les martyrs sont une semence de chrétiens et que les efforts des ennemis de Dieu sont vains, car le Christ a assuré son Eglise de son soutien jusqu'à la consommation des siècles. Il est à noter cependant que la chaire du curé Heinis ne fut jamais une tribune de lutte politique, car la censure officielle, qui est perceptible dans le sermons, lui imposait une grande prudence, aussi le non dit du présent est-il parfois plus éloquent que les allusions aux faits passés.
Des centaines de curés ont prêché dans les églises d'Alsace au temps de Jean-Baptiste Heinis, mais leurs voix se sont tues pour toujours : verba volant. Seule, parmi quelques-unes, celle du curé poète est parvenue jusqu'à nous et, grâce à la conservation de ses sermons, nous pouvons savoir ce qui se disait en chaire à une époque charnière de l'histoire de l'Alsace : scripta manent.
Bénédicte Dubail
Hundertvier Predigten sind aufbewahrt worden. Sie sind auf deutsch und vom Autor handgeschrieben. Die älteste wurde im Jahre 1846 kurz nach seiner Ankunft als Vikar in Oberbergheim niedergeschrieben für den 4. Sonntag nach dem Fest der heiligen drei Könige. Die letzte wurde im Jahre 1880 am Fest von Petrus und Paulus gehalten, wahrscheinlich in Schlierbach, wo er Pfarrer war. Jedes Jahr solange Pfarrer Heinis sein Amt ausübte, bewahrte er eine unterschiedliche Anzahl Predigten auf: von 1 bis 7 (1846:2; 1847:3; 1848: 4; 1850:6; 1858:7 ) Die größte Anzahl stammt aus der Zeit, als er in Oberhergheim Vikar war, am Anfang seines Priesteramtes. (40 Predigten von 1846- 1856 sind aufbewahrt) und aus seinem Wirken als Pfarrer in Roppentzwiller, (24 Predigten von 1860 bis 1867.)
Wenn sein Dichtungswerk eine spielerische Seite des Wesens des Pfarrers Heinis zeigt, seine Feinfühligkeit, seine Beobachtungsgabe, sein Talent als Liederdichter, seinen Humor, sogar seine Ironie, so erlauben die Predigten eine andere Seite der Persönlichkeit zu entdecken, die des Hirten, um das Heil seiner Schäfchen besorgt, die des Erziehers und des Theologen, die des Verteidigers der Kircheninteressen.
Das erste und hauptsächliche Ziel der Predigten des Pfarrers Heinis ist es seine Pfarrkinder auf dem Wege des Heils zu führen. Das Thema seiner ersten Predigt war das Vertrauen zu Gott. Neujahr bot eine gute Gelegenheit, um die Vergänglichkeit zu betonen und zu zeigen, dass die Zeit ein kostbares und begrenztes Mittel ist, dass man benutzen soll um Gutes zu tun. Um seine Pfarrkinder zur Bekehrung anzuregen, braucht der Prediger oft den Vergleich: er zeigt die Verdienste des guten Christen und den Schaden, den der schlechte Christ nimmt. Er betont die Wichtigkeit der Sakramente, der Beichte und der Kommunion, und auf die richtige Weise sie zu empfangen. Er gibt Ratschläge für das alltägliche Leben, wie man die Standespflichten erfüllt, zum Beispiel die Pflicht der Eltern ihren Kindern gegenüber, die Pflicht der Ehefrau ihrem Mann gegenüber, (sie ist ihm einen respektvollen Gehorsam schuldig ,) die Strafen die dem Gotteslästerer bevorstehen...Er betont nachdrücklich, dass der Sünder nicht warten soll, bis er auf dem Sterbebett liegt, um sich zu bekehren, denn die Zahl der Auserwählten ist klein.
Die Predigt soll nicht nur zur Tugend ermutigen. Sie ist die einzige Gelegenheit des Pfarrers die Erwachsenen über das Geheimnis des Glaubens zu belehren. Die liturgischen Feiern des Jahresablaufes bieten gute Anlässe um den Gläubigen das Geheimnis der Leiden Christi, der Dreifaltigkeit und des Heiligen Geistes zu erklären, ihnen von den Sakramenten, der Gnade, der Sünde, der Auferstehung der Toten, der Hölle zu sprechen, und ihnen das Vorbild der Heiligen (Sebastian, Petrus und Paulus und besonders der Jungfrau Maria, Muster aller christlichen Tugenden.) zu preisen. .
Die theologische Lehre des Pfarrers Heinis ist die vom Konzil von Trient. Seine Predigten enthalten alle Kenntnisse, die ein katholischer Gläubiger über seine Religion besitzen soll. In diesem Sinne sind sie ein eine kostbare Zeitzeugenaussage.
Pfarrer Heinis mochte den Krieg nicht. Das verkündet er in seiner Predigt (N°54) Er erwähnt als Beispiel Attila, aber auch Judith. In verschiedenen Predigten zeigt er sich als Verteidiger der Kirche und des Papstes. Er zählt alle Angriffe auf, denen diese Einrichtung in den letzten Jahrhunderten und auch Jahrzehnten zum Opfer fiel. Er nennt ihre Feinde in jedem Land von Europa, (Frankreich, Deutschland Schweiz, Spanien, Irland, Italien,) :die Gottlosen, die Revolutionären, die Freidenker, die Freimaurer. Aber er zeigt auch dass die Märtyrer Christensamen und dass die Anstrengungen der Gottesfeinden fruchtlos sind. Denn Christus hat seiner Kirche bis zum Ende der Welt Unterstützung versprochen.
Es ist zu bemerken, dass die Kanzel vom Pfarrer Heinis nie eine Tribüne zum politischen Kampf wurde. Die offizielle Zensur, die in seinen Predigten zu spüren ist, auferlegte ihm große Vorsicht. So sagt das nicht Ausgedrückte von heute, manchmal mehr, als die ausgesprochenen Andeutungen der vergangenen Tatsachen.
Hunderte Pfarrer haben in der Zeit von Johann Baptist Heinis in den Elsässischen Kirchen gepredigt, aber sie schweigen für immer: verba volant. Nur einige Stimmen, darunter die des Pfarrers und Dichters ist bis zu uns gelangt, und dank der Bewahrung seiner Predigten wissen wir, was man zu dieser Wendezeit der Geschichte im Elsass, von der Kanzel herab verkündigte: scripta manent. .